Les mystères de famille de Marie-Thérèse Piérat

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Le mariage sensationnel de Victor Lucien Guirand de Scévola et de Marie-Thérèse Piérat
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Fig. I. Les mariés Guirand de Scévola et Piérat dans Femina, 15 février 1906

Le 29 janvier 1906 Victor Lucien Guirand de Scévola épouse Marie-Thérèse Piérat, sociétaire de la Comédie Française. Selon Gil Blas la fête de noces, le 31 janvier 1906, au cercle de l’Union Artistique « l’Épatant », rue Boissy-d’Anglas à Paris fut « une comédie mondaine » [1]. Après, le mariage religieux fut célébré le 1 février 1906, à l’église de la Trinité, parmi une foule énorme. Pendant la défilé à la sacristie, l’on remarquait parmi les invités la noblesse, presque tous les artistes de la Comédie Française et toutes les personnalités marquantes du monde de théâtre, de la littérature, des arts et de la presse. Ce fut un « mariage sensationnel » (fig. I), le grand evenement du jour [2].

Le faire-part du mariage de Victor Lucien Guirand de Scévola fut émis de la part de ses parents : « Monsieur et Madame Guirand de Scevola » (fig. II).

Notons l’addition « de Scevola » (ici sans l’accent aigu) au nom de famille. Une frivolité artistique de notre artiste, qui sur le faire-part fut curieusement également ajouté à ses parents. L’acte de naissance du 16 novembre 1871 nous révèle le lieu et la date de sa naissance : Sète, le 14 novembre 1871, ainsi que les noms officiels de l’artiste et de ses parents : Victor Lucien Guirand, fils de Jean Antoine Guirand et de Catherine Mélanie Fournaire [3].

Notons aussi que dans les articles de presse, ainsi que sur les sites internet les prénoms de l’artiste sont souvent écrits comme « Lucien-Victor », avec l’ordre inverse des prénoms, additionnés d’un trait d’union. Sur ce site nous adhérons à l’orthographe des actes notariés.

Le faire-part du mariage de Mlle Piérat fut émis de la part de « Madame C. Panot » et de « Madame A. Panot » (Fig. II).

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Fig II. Faire-parts du mariage Guirand de Scévola et Piérat

D’après l’acte de naissance de Mlle Piérat du 15 juin 1883 elle naquit à Paris, comme Marie Panot, le 12 juin 1883 (fig. III) [4].

Grace à l’acte de naissance nous pouvons identifier les deux dames Panot du faire-part comme : Charlotte Bravlet, veuve d’Alexandre Clément Panot, aïeule maternelle de la future épouse et Marie Joséphine Alexandrine Panot, dite Alice Panot, sa mère. Dans l’acte le père est indiqué comme « père non dénommé ». Selon un acte de reconnaissance du 6 août 1885 Mlle Alice Panot a déclaré qu’elle reconnait Marie Panot comme son enfant (fig. IV) [5].

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Fig. III. Acte de naissance de Marie Panot
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Fig. IV. Acte de reconnaissance de Marie Panot par Alice Panot
Confusions et mystères

Qui était donc ce « père non dénommé » de Marie Panot, dite Marie-Thérèse Piérat ? Si on va à la recherche d’informations généalogiques dans la littérature, on retrouve seulement le nom de la mère Alice Panot et cellui du grand-père Alexandre Clément Panot. Jamais le nom du père est mentionné, à l’exception (comme nous le verrons plus tard) de surcroit certaines difficiles à trouver.

Par ailleurs, il y a d’autres ambiguités concernant l’état civil de Mme Piérat. Il existe dans la littérature une vaudevillesque confusion autour de l’état civil de Mme Piérat. Sa ville natale, sa date de naissance et son nom officiel sont alternativement rendus comme : Montceau-les-Mines ou Paris, le 12 juin 1883 ou le 15 septembre 1885 et Marie Panot, Alice Panot, Germaine Bravlet ou Germaine Antoinette Bravlet [6].

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Fig. V. Marie Panot, Atelier Nadar, s.d.

En somme, il y a quatre mystères autour de l’état civil de Mme Piérat :
(1) Quelle est la date de naissance de Marie-Thérèse Piérat : le 12 juin 1883 ou le 15 septembre 1885 ?
(2) Quelle est sa ville natale : Montceau-les-Mines ou Paris ?
(3) Quel est son nom officiel : Marie Panot, Alice Panot ou Germaine (Antoinette) Bravlet ? Et finalement :
(4) Qui était le père de Mlle Piérat ?

Usurpation d’état civil : Marie-Thérèse Piérat, existe-t-elle ?

En recherchant le nom de Bravlet (ou Bravelet), nous avons fait la découverte d’un curieux procès intenté devant le tribunal civil de la Seine. À l’instigation d’une Mme Berthier, épouse séparée de M. Bravelet, Mme Piérat fut poursuivie pour usurpation d’état civil. Mme Berthier, représentée par Maître Théodore Valensi, avançait la thèse  suivante. Mlle Piérat, le 12 novembre 1900 quand elle se présenta à l’examen du Conservatoire, avait dépassé l’âge fixé par les règlements pour son admission. Vu l’impossibilité dans laquelle elle se trouvait à cause de son âge, elle eut recours à un ingénieux subterfuge. Elle produisit l’état civil de son amie de jeunesse, Mlle Bravelet, qu’elle avait connue à Monceau-les-Mines. Mlle Germaine Bravelet fut née le 15 septembre 1885. Elle décéda quelques semaines après. Donc, la future « Mlle Piérat » fut reçue au Conservatoire sous le nom de « Germaine Bravlet ». Pour l’usurpation des papiers de sa fille, Mme Berthier exigea 150.000 francs de dommages-intérêts [7].

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Fig. VI. Le Matin, 18 juillet 1920

À la suite des accusations de Mme Berthier le journal Le Matin se permit de spéculer modérement quant aux répercussions possibles de la petite fraude. « Mlle Piérat existe-t-elle ? », ainsi commence le journal. « Il semble résulter du procès (…) qu’elle [Mme Piérat] n’est ni premier prix du Conservatoire, ni sociétaire du Théâtre-Français, qu’elle ne s’appelle pas Piérat, pas plus que Germaine Bravlet, nom sur lequel elle fut reçue au Conservatoire, mais bien Alice [sic] Panot, et enfin, qu’elle a deux ans de plus qu’elle n’en accuse » (fig. VI) [8].

Pendant l’année de l’affaire juridique, Mme Piérat – entrée à la Comédie Française en 1902, sociétaire depuis 1905 – était une comédienne éminente. Priée de donner son commentaire par des journalistes, elle résuma son opinion ainsi : « Beaucoup de bruit pour rien ». Puis, elle avança le suivant. En 1901, quand elle avait 16 ans et était par conséquence était en âge de briguer l’entrée au Conservatoire, elle était poussée vers le théâtre par des tendances irrésistibles. Son furieux désir rencontra l’opposition décidée de sa mère, qui la destinait au commerce, parce que sa famille était d’origine bourgeoise. C’est pourquoi elle alla trouver son oncle Bravlet, qui l’aimait beaucoup. L’oncle, allant à l’encontre de la volonté maternelle, prit la responsabilité de la faire inscrire sous le nom de son enfant perdu, cela tristement à l’âge de six jours. Les détails de cet subterfuge n’étaient pas connus par la jeune comédienne. L’oncle seul était responsable, ainsi déclara Mme Piérat. Sa mère, après avoir appris le subterfuge, s’inclina devant la nouvelle vocation de son enfant. Après que la jeune comédienne eut passée le concours au Conservatoire de façon brillante, la mère lui pardonna. Plus tard, les inscriptions aux théâtres ont été faites sous son véritable état civil : « cela seul importe ». Ainsi Mme Piérat termina ses déclarations aux journalistes [9].

Déclarations étonnantes, en ce qui concerne notre connaissance des actes notariés. En effet, étant née le 12 juin 1883, Mlle Piérat n’avait pas 16 ans en 1901, comme elle a déclaré à plusieurs reprises aux journalistes. Pourquoi cette inexactitude, alors que Mme Piérat a expliqué en même temps que ses inscriptions aux théâtres ont été faites sous son état civil authentique ? Un mystère.

Alice Panot et sa méfiance au théâtre
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Fig. VII. Alice Panot, Photo Léar, Paris, s.d.

Dans ses mémoires, Adrien Bernheim nota que la maman Alice Panot et sa fillette Marie auraient décidé que le mot « théâtre » ne serait jamais plus prononcé dans la famille [10]. De sa part, Félix Duquesnel, directeur de l’Odéon et du Théâtre de la Porte Saint-Martin – deux théâtres ou Mlle Alice Panot s’était produite fréquemment – écriva également sur sa « méfiance au théâtre » [11]. Malheureusement les deux auteurs n’ont pas expliqué leur remarques sur ce point. Mme Piérat, quant à elle, a déclaré – comme nous l’avons vu – que sa mère s’opposait à désire du théâtre, parce qu’elle la destinait au commerce vu l’origine bourgeoise de sa famille. Vraiment ?

André Luguet, dans ses mémoires, nous donne une autre interprétation. Son témoignage semble fiable et important, parce qu’il a connu intimement Marie-Thérèse Piérat, ainsi que sa mère, pendant toute sa vie. Luguet et Piérat se connaissaient depuis leur prime enfance. Parce que, par ailleurs, étant les mères de deux enfants condisciples au Conservatoire. Selon Luguet, la jeune Piérat demandait clandestinement des conseils à sa propre mère, parce Mme Panot avait forcément renoncé à monter sur la scène, par son mariage avec un aristocrate. La mère de Luguet encourageait la jeune fille qu’elle recommanda à Maurice de Féraudy, son beau-frère [12].

Des témoignages intéressants, ceux de Bernheim, Duquesnel et Luguet. L’opposition d’Alice Panot aux désirs de sa fille, était-elle motivée par par son mariage avec un aristocrate ? Ou par l’origine bourgeoise de sa famille, comme déclara Mme Piérat aux journalistes ? Ou bien, peut-être, par la combinaison de ces motifs ?

Qui était Alice Panot, comédienne ?

Et qui était son époux aristocratique supposé ?

Alice Panot, comédienne
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Fig. VIII. Alice Panot dans le rôle de Héro, 1887

Marie-Joséphine-Alexandrine Panot, dite Alice Panot naquit à Metz en 1862 et décéda à Paris, le 4 mai 1941 [13]. Alice Panot était la fille d’Alexandre Clément Panot, né en 1812, décédé à Paris le 12 mars 1886 [14]. Il était l’époux de Charlotte Bravlet et chef d’une troupe de comédiens ambulants [15].

La jeune Mlle Alice Panot a suivi les traces de son père. Dans les journaux on peut suivre sa carrière de comédienne de 1880 jusqu’à 1889. Elle a joué aux Théâtre des Nouveautés (1880, 1881, 1882), Théâtre de la Gaîté (1882), Théâtre de la Porte Saint-Martin (1882), Théâtre de l’Ambigu-Comique (1883), Théâtre Déjazet (1885) et finalement au Théâtre de l’Odéon (1886, 1887, 1888, 1889 et encore en 1895) [16].

Comme jeune comédienne de dix-huit ans, Mlle Alice Panot a connu du succès. Selon un article dans Le Gaulois, elle était un véritable objet de vénération, comme un « fétiche » [17]. En 1881 le même journal publia cette dédicace à Mlle Panot [18] :

« C’est une ingénue accomplie,
Et nul maintenant n’est surpris
Qu’enfant gâté de tout Paris,
Sous le poids des fleurs Panot plie ! ».

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Fig. IX. Alice Panot, Atelier Nadar, s.d.

Mi-octobre 1882 il semble que la jeune actrice était fort souffrante. Par conséquent elle fut obligée de renoncer à son rôle dans une pièce de théâtre et de quitter Paris pour respirer l’air de la campagne [19]. En prenant compte de la date officielle de la naissance de sa fille Marie – le 12 juin 1883 – on peut soupçonner la cause de la souffrance de la jeune femme.

Quelle – ou qui – était la cause de sa souffrance ?

Jacques Marie Melchior Pierre, marquis de Cambis Alais d’Orsan, le père de Marie-Thérèse Piérat

En 1920, pendant le procès sur l’usurpation d’état civil, un journaliste visita Mme Piérat dans son « château de Gambis, près de Sauveterre (Gard) » [20]. Le lendemain, un autre journaliste la rencontra au « château de Montsauve, commune de Sauveterre (Gard) » [21]. Deux châteaux donc ? Ou une erreur ? Et encore : une relation de la mère de Piérat avec « un aristocrate », comme nota André Luguet ? Cependant, l’indication erroneée « château de Gambis » apparaît comme un clé importante. En effet, c’est le même château, ancienne propriété des comtes et marquis de Cambis-Alais (donc Cambis, pas « Gambis »), puis la propriéte de Mlle Alice Panot et, après la mort de celle-ci, de Mme Piérat et Guirand de Scévola (figs. X, XI et XII).

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Fig. X. Château de Montsauve, s.d.
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Fig. XI. Verso de la carte postale du château de Montsauve, signée à droite « Al Panot »

Dans la presse, les mentions, ou bien les rumeurs, d’un époux de Mlle Alice Panot sont rares, mais persistantes. Mariée, ou non, ces mentions peuvent indiquer une connaissance de la vie intime de Mlle Panot. Nous avons déjà cité les mémoires de Luguet de 1955. Dans un article d’une date bien plus antérieure, Gil Blas publia un article, intitulé « Les actrices mariées à des homme du monde ». Dans cet article, Mlle Alice Panot fut mentionnée comme une des actrices « qui se marièrent avec des fortunes diverses » [22].

Qui était donc cet « homme du monde » ?

Ensuite, par hasard, nous avons trouvé dans des archives de mises aux enchères une vente en l’an 2000 d’un ensemble de 35 photos de Marie-Thérèse Pierat et de son entourage. Une des photos était décrite comme « Boyer. Marquis de Cambise (…), son père » [23].

En somme, un marquis de Cambise, comme père de Marie-Thérèse Pierat ?

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Fig. XII. Marie-Thérese Piérat de la Comédie Française dans son grand salon de Sauveterre (Gard), par L. de Joncières, 1919

En cherchant un « marquis de Cambise », nous avons trouvé une autre clé dans un article de presse. En effet, ce n’est qu’une rumeur dans un article plein d’erreurs. Néanmoins, les rumeurs peuvent nous offrir des indices sur la connaissance semi-publique de la vie privée des personnages du Beau Monde. Or, dans un article par Richard O’Monry dans le magazine satirique Le Rire on lit que Mlle Piérat était la fille de Mme Alice Parrot [sic]. L’article continue : « le nom de Piérat vient de Pierre, le prénom du père, un bel officier et un vaillant genti [sic] homme dont les ancêtres arboraient cette fière devise : Dame et mon Roy. / Je suis Cambyse, pour mon Dieu, ma [sic] / Si tu m’attends, confesse-toit. » [24].

Donc, un marquis Pierre de Cambise ou Cambyse ?

Finalement, la base de données de BNF-Gallica nous révèle un article important et fiable sur cet affaire : Le Voyage en Italie, il y a un demi-siècle, une conférence prononcée le 19 mai 1928, par l’explorateur Henri de la Martinière (fig. XIII), publiée dans le bulletin de la Société de Géographie de Toulouse au cours de l’année suivante. Dans son récit d’un voyage en Italie dans l’année 1883, le voyageur rend compte de ses rencontres avec un ami, le marquis et capitaine « Pierre de Cambise » à Rome et – très important pour nos recherches – avec la petite fille de celui-ci.

De la Martinière finit son beau récit avec ces phrases révélatrices :

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Fig. XIII. Henri de la Martinière, 1888

« Tous les personnages évoqués dans notre causerie ont disparus. L’un d’eux, cependant, apparaît quelquefois sur nos grandes scènes dramatiques. C’est la grande artiste Marie-Thérèse Piérat, sociétaire de la Comédie française, fille du marquis Pierre de Cambise, et qui n’était alors qu’une enfant. Il y a quelques mois, elle interprétait au théâtre des Variétés la Marche nuptiale d’Henry Bernstein ; j’étais chargé de compte-rendu et j’allai lui présenter mes hommages dans sa loge. « N’est-ce pas, que je ressemble à mon père ? » Tel fut son premier mot. Elle m’apparut, en effet, dans tout l’éclat de sa beauté blonde et de sa distinction souveraine, ressuscitant à mes yeux le brillant officier d’État-Major qui m’avait considéré comme un ami, car il fit de moi un croquis saisissant en souvenir de notre inoubliable soirée au milieu des ruines du Colisée » [25].

En somme, le récit fiable de M. de la Martinière – notamment le compte-rendu d’une conversation avec Marie-Thérèse Piérat – nous offre le seule confirmation par Mme Piérat elle-même, de notre hypothèse qu’elle était la fille d’un marquis « Pierre de Cambise », trouvée jusqu’à maintenant.

Pour conclure nos recherches, la généalogie de la famille de Cambis (les notations « de Cambise » ou « Cambyse » étant vraisemblablement une erreur de transcription) nous divulge qu’un seul candidat vivant dans les années 1880 : Jacques Marie Melchior Pierre, comte, puis marquis de Cambis Alais d’Orsan, né le 26 décembre 1845, décédé le 4 février 1893, chef d’escadron de cavalerie [26].

Notre hypothèse est soutenue par un article dans Le Petit Parisien concernant les obsèques de Marie-Thérèse Piérat en 1934. Dans cet article on peut lire que le char funèbre de la défunte fut accompagné par la mère de Mme Piérat, Mme Panot et le mari de l’artiste, M. Guirand de Scévola, aux côtés desquels on remarquait entre autres « M. des Isnards, parent » [27].

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Fig. XIV. Faire-part du décès de Jacques Marie Melchior Pierre de Cambis Alais d’Orsan, le 4 février 1893

Un article du Figaro sur les obsèques nous informe que « MM des Isnards » étaient présents dans l’assistance. C’est à dire : le marquis et la marquise des Isnards, ainsi que le comte et la comtesse des Isnards [28].

Les familles de Cambis et des Isnards furent liées par le mariage en 1869 d’Anne Françoise Joséphine Marguerite de Cambis-Alais, la sœur de Jacques Marie Melchior Pierre de Cambis Alais d’Orsan, avec Charles Siffrein, marquis des Isnards [29]. Ainsi, nous pouvons expliquer la remarque du  Petit Parisien : « M. des Isnards, parent » de Mme Piérat. À voir aussi le faire-part du décès de Pierre de Cambis Alais d’Orsan, de la part du marquis et de la marquise des Isnards (fig. XIV).

Jusqu’à présent, nous n’avons pas encore fait des recherches dans les archives concernant la relation supposée entre Jacques Marie Melchior Pierre de Cambis Alais d’Orsan d’une part et d’Alice Panot et sa fille Marie Panot, dite Marie-Thérèse Piérat d’autre part. C’est fort possible que l’on y puisse trouver des documents à ce sujet.

Rik Wassenaar, le 9 mai 2018 / 28 juillet 2019 / 23 juillet 2021

Notes

[1] Gil Blas, 1 février 1906, p. 1.
[2] Le Figaro, 1 février 1906, p. 2 ; La Presse, 2 février 1906, p. 4 ; Fémina, 15 février 1906, p. 84 ; La Revue hebdomadaire, février 1906, p. 255.
[3] Archives de Sète, État civil, Naissances, No. 3 E 312/143, 16 novembre 1871.
[4] Archives de Paris, État civil, Paris IXème, Naissances, No. V4E 6158, 15 juin 1883.
[5] Archives de Paris, État civil, Paris IXème, Naissances, No. V4E 6166, 7 août 1885.
[6] L’Art dramatique et musical au XXe siècle, 1901, p. LVI et Idem, 1904, p. XXXVII ; Adrien Bernheim, Trente ans de Théâtre, 3e Série, 1904, p. 218 ; Le Tout-Théâtre, 1905, p. 195 ; Journal des débats politiques et littéraires, 12 nov. 1912, p. 3 ; Le Petit Journal, 17 juillet 1920, p. 1 ; Le Matin, 18 juillet 1920, p. 2 ; Le Temps, 19 juillet 1920, p. 3 ; Louis Schneider, Mme Piérat. Biographie-critique illustrée de deux portraits, Paris, 1922 ; Larousse universel en 2 volumes, Paris 1922, Vol. 2, p. 583 ; Comédie Française, Bataille des Dames par Scribe et Legouvé, programme, s.d. ; http://data.bnf.fr/14654025/marie-therese_pierat/  (URL vérifiée 8 août 2018) ; https://www.lesarchivesduspectacle.net/?IDX_Personne=67512 (URL vérifiée 8 août 2018). Voir aussi la plaque dans le caveau de famille au cimetière de Montmartre, sur laquelle est inscrit 1885 comme l’année de naissance de Mme Piérat : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Th%C3%A9r%C3%A8se_Pi%C3%A9rat (URL vérifiée 8 août 2018).
[7] Le Journal, 17 juillet 1920, p. 2; Le Petit Journal, 17 juillet 1920, p. 1.
[8] Le Matin, 18 juillet 1920, p. 2.
[9] Le Matin, 19 juillet 1920, p. 1 ; Le Petit Journal, 20 juillet 1920, p. 2.
[10] Adrien Bernheim, Trente ans de Théâtre, 3e Série, 1904, p. 218.
[11] Le Gaulois, 22 décembre 1904, p. 1.
[12] André Luguet, Le Feu sacré, Paris, 1955, p. 192-194.
[13] Archives de Paris, État civil, Paris XVIIèmes, Décès, No. 17 17D 265, 8 mai 1941. Voir aussi Le Matin, 7 mai 1941, p. 1.
[14] Archives de Paris, État civil, Parix IXème, Décès, No. V4E 6247, 12 mars 1886.
[15] Voir par ex. Le Figaro, 24 septembre 1872, p. 4; Henry Lyonnet, Dictionnaire des Comediens Français (ceux d’hier). Biographie, Bibliographie, Iconographie, Vol. 2, Genève, s.d., p. 505.
[16] On peut suivre la carrière de comédienne de Mlle Alice Panot notamment dans Le Figaro, Le Gaulois, Le Ménestrel et Le Temps des années 1880-1889. Sa dernière représentation à l’Odéon, dans Psyché par Georges Monval, en 1895 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5685414m.texteImage
[17] Le Gaulois, 5 novembre 1880, p. 3.
[18] Le Gaulois, 8 avril 1881, p. 4.
[19] Le Figaro, 17 octobre 1882, p. 3.
[20] Le Matin, 19 juillet 1920, p. 1.
[21] Le Petit Journal, 20 juillet 1920, p. 2.
[22] Gil Blas, 26 septembre 1900, p. 1. Très intéressante remarque dans La Vie parisienne sur Mme Piérat : « cette grande comédienne, la châtelaine de Montsauve, cette Parisienne blonde, avec un peu de sang italien », référant à l’origine italienne de la famille de Cambis (plus précisément : originaire de Florence), voir : La Vie parisienne, 17 décembre 1921, p. 1083. Sur l’origine italienne de la famille de Cambis, voir : C. d’E.-A. [Chaix d’Est-Ange], Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, Tome 8, Paris, 1909, p. 149, disponible en ligne ici : https://archive.org/details/dictionnairedesf08chai/page/148 (URL vérifiée 30 juillet 2019). Dans un article, publié en 1922, Aurélien Lugné-Poe, directeur de la Maison de l’Œuvre, décrit en termes vagues et discrètes l’entrée au Conservatoire de Marie-Thérèse Piérat, cette « jeune feune de bonne souche », voir : l’Œuvre 66, juin 1922, p. 9. En termes similaires s’exprime Émile Fabre, l’ancien administrateur général de la Comédie Française, dans ses mémoires : « Femme du monde, du vrai monde, auquel elle appartenait par ses origines, elle tenait à marquer qu’elle était devenue comédienne moins par vocation, que pour occuper, hors de son salon, ses heures de loisir. Aussi, affectait-elle de vivre distante de ses camarades et loin du théâtre. » Voir : Émile Fabre, De Thalie à Melpomène. Souvenirs de théâtre, Paris, 1947, p. 58-60.
[23] Voir : https://www.auction.fr/_en/lot/theatre-nbsp-mdash-marie-therese-pierat-nbsp-mdash-auteurs-divers-et-142187#.WvGbHMguCV4 (URL vérifiée 8 août 2018).
[24] Le Rire, 31 décembre 1904, p. 11. La devise citée était celle de Jacques de Cambis, baron et vicomte d’Alais (mort 1653), gravée sur son épée de bataille, conservée dans la sacristie de l’église cathédrale d’Alais. Voici le texte correct :  « Je suis Cambis pour ma foi / Ma maîtresse est mon Roi, / Si tu m’attends, confesse-toi  », publié dans : J. Francois D’Hozier, L’Impôt de Sang ou la Noblesse de France sur les champs de bataille, Tome premier, Deuxième partie, 1874, p. 18-19.
[25] Bulletin de la Société de Géographie de Toulouse, Nouvelle série, No. 53, janvier 1929, p. 3-15 ; Idem, No. 54, février 1929, p. 45-54 ; Idem, No. 55, mars 1929, p. 57-64 ; Idem, No. 56, avril 1929, p. 85-100 ; Idem, No. 57, mai 1929, p. 132-140 ; Idem, No. 58, juin 1929, p. 155-161.
[26] Généalogie de Cambis : C. d’E.-A. [Chaix d’Est-Ange], op.cit, p. 149-153. Voir aussi : jean.gallian.free.fr/comm2/Images/genealog/cambis/p5a.pdf (URL vérifiée 8 août 2018). Pour Jacques Marie Melchior Pierre de Cambis Alais d’Orsan voir : https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=en&n=de+cambis+alais&oc=0&p=jacques+marie+victor+pierre (URL vérifiée 8 août 2018). Pour les familles de Cambis et des Isnards voir aussi : https://www.midilibre.fr/2011/05/14/de-cambis-et-des-isnards-ou-quand-deux-familles-ressurgissent-du-passe,318885.php (URL vérifiée 8 août 2018) ; Le Figaro, 5 février 1893, p. 2.
[27] Le Petit Parisien, 1 juin 1934, p. 5.
[28] Le Figaro, 1 juin 1934, p. 1.
[29] Généalogie des Isnards : jean.gallian.free.fr/comm2/Images/genealog/isnard/p2b.pdf  et généalogie de Cambis : jean.gallian.free.fr/comm2/Images/genealog/cambis/p5a.pdf (URL vérifiée 8 août 2018).

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